Phileau à la petite semelle

30.12.2013

Y a des jours comme ça, où tu te prends en mains (vous embaslespattes, c'est une image) et te dis sans ménagement ni guillemet allez je vais courir et tu te mets derechef en tenue de sport short-T-shirt et sors et là tu vois qu'il tombe une pluie glacée mâtinée de vent novossibirskien et là tu te dis je garde quelques centaines de grammes au chaud dans la panse et des remords ployant sous l'excuse ou bien je récupère une bonne vieille crève de derrière l'éfagot qui par ailleurs m'empêchera de courir pendant plusieurs jours (le droit de crève) et qui permettra à ces susdits grammes de faire des petits (gros) ? Hein, tu fais quoi ? Ben tu laisses ton moi, ton ça et ton surmoi poursuivre leur colloque un moment, tu regardes la pluie choir dans un tintinnabulement vert-de-gris et la voisine mater l'air de rien tes belles jambes musclées ce à quoi tu réponds d'un regard à visée pectorale non moins enfin ça ne vous regarde pas, tu laisses l'ange passer et écoutes le temps couler dans un bruit de cataracte à cause de la circulation sanguine ou automobile et tu évacues aussi sec l'option piscine à contours miasmeux et relents de chlore puis tu demandes aux trois entités te tenant lieu de conscience de se décider mais ton moi te dit oui mais quand même, ton surmoi te dit non quand même pas, et ton ça te dit nique-toi, et tu n'es guère plus avancé si ce n'est que, sur le seuil de la porte et ayant retrouvé tes virgules, tu as vécu un moment cryptomallarméen d'indécision, quelque chose entre Saturne et Pluton, un temps hors-champ, un espace suspendu ; une brève évasion.